Journal de dé-confinement, enfin façon de parler

Bonjour à tous,

Comment allez vous ? Et bien ce matin sous une pluie torrentielle ici à Koh Chang je me suis dit qu'il était temps de vous donner quelques nouvelles de nos petites histoires du moment, je pense que la période que l'humanité traverse actuellement est vraiment à prendre comme une proposition et non comme une horreur absolue, c'est, de mon point de vue, un moment pour opérer un peu de changement, peut être n'avons nous pas fait tout juste ces 100 dernières années, il est peut être temps de réorganiser nos chemins, nos habitudes ou encore de revoir nos désirs matérialistes à la baisse... bref ce n'est pas le sujet de l'article mais, sans prendre de risque, des questions qui traversent l'esprit de bons nombres d'entre nous j'imagine.

Quelques infos pratiques sur la gestion du COVID en Thaïlande et particulièrement sur Koh Chang ou nous avons vécu la crise. Il semblerait que la province de Trat n'aie jamais été concernée par ce virus, en effet, aucun cas n'a été confirmé ici. J'ai des doutes tout de même vu le grand nombre de touristes chinois qui visitaient Koh Chang en Janvier, bon nombre d'entre nous, habitants le l'ile, avons eu des symptômes grippaux... bref on ne le saura jamais. Pour enrayer la pandémie la Thaïlande n'a pas fait dans la dentelle, lois martiales d'état d'urgence, stricte couvre-feu, verrouillage des provinces et autre frontière, contrôle de température etc etc etc... Koh Chang a été complètement fermée pendant 2 mois complets, il fallait des visas pour quitter l'ile et pour pouvoir y revenir. En même temps la quasi totalité des commerces, hôtels et autre bar, magasin ont du fermer leurs portes, seuls les magasins d'alimentation et quelques restaurants sont restés opérationnels. Ambiance d'incertitude dans un climat ou les gens se sont entraidés aussi, en effet, bon nombre de familles ici notamment Cambodgiennes et même Thaï se sont retrouvées sans revenu du jour au lendemain donnant naissance à de grands mouvements de solidarité.

Distribution de nourriture au temple puis près de chez nous, les files s'allongeaient de semaines en semaines

Benja et Tani ont produit des masques pour tous les habitants de l'ile puis pour les Rangers, la police et autre militaires. Pendant des semaines elles ont produit des centaines de masques distribués gratuitement ici. Super initiative par ces temps-ci, je vais en ramener en Suisse si un jour je peux rentrer.

Au Campus nous avons pu continuer à jouer un peu tous les jours, pas mal de gens "bloqués" ici venant un peu des quatre coins du monde se retrouvaient et s'y retrouvent encore au quotidien sur nos installations pour y passer un moment sportif, mélangés aussi à la population locale, dans ce sens notre campus à vraiment joué le rôle pour lequel il a été construit. Nous avons aussi accueilli une famille Suisse, la Famille Landenberg. Ils sont en projet de voyage autour du monde depuis quelques mois avec leurs deux enfants, étant comédiens, ils le finance en faisant des représentations théâtrales, tous leurs plans se sont retrouvés en stand-by et nous avons bien évidement mis à disposition bungalows et tout se qu'il faut pour passer le temps ici, finalement ils sont partis hier matin avec une petite larme à l’œil, merci à eux pour leur belles énergies et surtout leur courage de continuer leur aventure, bon vent et on se reverra un jour c'est sur.

Très bonne ambiance sur le campus, du mouvement et du jeu, rien de tel pour garder le moral

La Famille Landenberg sur le départ, Bonne continuation à vous tous

Comment s'en sortir ? que faire ? qu'est il bien de changer ? A ces questions je m'y plonge depuis le début de la pandémie et je n'ai pu répondre qu'au plus urgent. Le plus urgent nous concernant c'est de réduire un maximum la voilure, j'entends par là réorganiser nos vies. C'est avec tristesse que nous avons du nous résoudre à déménager notre magasin, notre magasin c'est notre maison et notre histoire à ma femme et moi depuis plus de dix ans, avec autant de mois sans revenu on ne tiendrai pas. Nous avons donc reconstruit sous notre hangar un plus petit magasin et nous avons aussi construit pour nous une petite maisonnette juste derrière. Le hangar est suffisamment grand pour accueillir tout ça et nous gardons le bar en plus donc, en ayant tout mis sous le même toit, on n'a qu'un loyer à payer et donc on devrait s'en sortir. Nous avons fait toutes ces modifications Pee Lam et moi durant les deux derniers mois en travaillant au quotidien d'arrache pied sous les ordres de ma femmes, on voit le bout du tunnel. D'ici quelques jours nous prendrons nos quartier ici à Ban Puen.

En ce qui concerne le Campus il y a aussi des choix à faire et ce n'est pas simple non plus. Avec le système de parrainage qui est en place je pense qu'on peut surmonter cette grande mutation. On parle beaucoup d'écologie et d'avion ces temps-ci, cela fait évidement partie de grands sujets de réflexion, bien que l'idée de voir des gens faire des sauts de puces de 10000 kilomètres pour 10 jours de vacances me semble à des années lumière actuellement, l'idée de voir des gens s'installer pour plusieurs mois ici à nos côtés me semble tout à fait envisageable, c'est déjà le cas en ce qui concerne le campus depuis le début de son existence. Donc je pense qu'il faut organiser les choses dans ce sens, affaire à suivre. Nous nous préparons ces jours-ci à une grosse négociation sur le prix du loyer du campus avec les propriétaires mais ce n'est pas gagné connaissant les oiseaux.

Je vais profiter de cet article pour vous expliquer dans les grandes lignes se qui nous est arrivé à ma femme, Karim et moi :

Le 09 mai 2020 nous sommes rentrés dans notre magasin, ou nous vivions, nous avions notre chambre à coucher et puis une chambre d'amis que nous mettions à disposition à notre ami Karim Lampti pour quelques jours. Nous sommes rentrés à 21 h 30 pour respecter le couvre feux. Nous nous sommes assis devant la porte d'entrée du magasin (50 centimètres) pour manger une soupe les trois, nous ne savions pas qu'il était interdit de s'asseoir devant chez soi. Le magasin étant en plein déménagement il n y avait aucune place pour s'asseoir. Le rideau était fermé, aucune lumière ni musique. A 22 h 30 la Police tourisme est arrivée avec trois agents et nous ont emmené au poste sans avertissement puis nous ont emprisonné. Le 10 mai nous sommes restés au poste de police jusqu'à trois heure de l'après midi, on nous a pris nos empruntes digitales puis confisqués nos passeport. Nous avons ensuite payé une caution exorbitantes chacun pour être libéré. Le lendemain nous nous sommes rendu à la court de justice de la province de Trat ou nous avons payé encore une fois une somme conséquente de caution, ils nous ont confisqué nos passeport à nouveau. Nous avions rendez-vous le 12 mai 2020 pour effectuer 2 mois de prison. Nous avons 4 familles à charge ici sur Koh chang, nous devons réorganiser nos vie futur ici, de perdre deux mois de notre précieux temps signifie la pure et simple fin de nos activités sur Koh Chang et en Thaïlande. Nous sommes d'accord de payé une amende mais l'emprisonnement de deux mois semble totalement surréaliste. Nous avons suivi toute la procédure et nous avons gardé un comportement exemplaire avec tous les agents concernés. Au jour d'aujourd'hui nous n'avons aucune nouvelle et je n'ai toujours pas récupéré mon passeport, nous attendons une décision en appel et ça va peut être durer des mois. Je vous passe les détails, un jour j’expliquerai cette histoire avec plus de précisions mais la procédure étant en cours je dois rester factuelle.

Nous devons garder le moral et croyez moi ce n'est pas tous les jours facile, mais pour bon nombre d'entre nous tous ou que nous soyons, il faut prendre du recule et bien construire la suite, se poser les bonnes questions, être patient. Voilà tout pour l'instant, vous êtes nombreux à prendre régulièrement des nouvelles, certain d'entre vous ont été d'un très grand soutien pour nous ici, vous vous reconnaîtrez. Tout ça donne force et énergie pour notre petite équipe ici et c'est le plus important. Courage à vous tous et à tantôt ici ou la-bas