02 Apr

Journal de confinement, 2 avril 2020

Publié par Florian Urfer

Bonjours à tous,

Ce n'est pas le temps qui manque pour écrire quelques lignes, oh croyez-moi. Que dire, que faire ! Petit descriptif sur notre situation personnelle et sur celle de l'association :

Sur Koh Chang nous sommes quasiment confinés depuis une dizaine de jours et depuis le 5 avril nous le serons complètement. Le campus est fermé, le bar est fermé, le magasin est fermé bref tout est fermé. Nous avons toujours quelques hôtes avec nous donc il y a un peu de vie tout de même. Je tolère une pétanque de temps à autre et le bar est à disposition pour cuisiner ou pour boire un verre en cachette, entrée par la porte de derrière. La circulation a drastiquement diminuée depuis une dizaine de jours bien qu'il ne soit pas interdit de prendre une mobylette pour faire quelques courses dans une des rares petites épiceries ouvertes.

Koh Chang désert

Beaucoup de restaurants sont fermés, il en reste quelques-uns ouvert en Take Away. Le gouvernement a bien du mal à savoir quoi faire, du coup les règles et les rumeurs changent quasiment tous les jours sur l'ile. Hier encore ils parlaient d’arrêter les bateaux qui nous lient au continent, finalement ça n'a pas été accepté. Il y a les problèmes des visas pour les gens qui ont décidé de ne pas rentrer dans leur pays, la Thaïlande est relativement peu arrangeante je trouve, laissant des files d'attentes interminables au divers offices d'immigrations, bref sans commentaires. On va rajouter encore des problèmes sérieux d'eau, les puits sont vides, ou presque. Nous devons acheter de l'eau régulièrement et ça va durer encore un mois avant l'arrivée, si elle veut bien nous rejoindre, de la saison des pluies. Nous avons surmonté, grâce à un grand soutien autour de l'association, les inondations du mois de septembre 2019. Un bel exemple de solidarité qui nous a permis de vous accueillir dans de supers conditions durant la très courtes saisons touristiques 2019/2020.

Campus fin mars, peu d'activités

Nous devons, à l'heure actuelle, économiser l'eau et l’électricité pour réduire un maximum les factures. Nos employés ont proposé de réduire leurs salaires pendant une durée indéterminée, merci à eux de rester avec nous. La situation est compliquée pour bons nombres d'entre nous sur Koh Chang et bien sur, un peu partout dans le monde. Il y a toutes sortes de scénarios possibles et je vois, en tournant le problème dans tous les sens, du changement partout, toutes sortes de changements. Le fait que nous n'aurons quasiment plus aucune sources de revenu pour au minimum 6 mois est un problème de taille "et pas de Thaï", puisqu'il correspond en octobre au payement des loyers annuels ici pour le campus, le resto et le magasin. J'aime bien l'idée de rentrer travailler en Suisse, si il y en a pour moi ceci dit le problème des compagnies aériennes sont d'une ampleur jamais vues donc pas de retour pour l'instant. Nous devrons certainement réduire la voilure à commencer par fermer notre magasin et nous installer au resto, aucune décision pour l'instant on va attendre au minimum jusqu'à fin mai pour ça. Nous en saurons un peu plus sur la direction de cette pandémie. Il va y avoir des négociations avec nos propriétaires pour les loyers, surtout celui du campus. Ce n'est pas le moment, la aussi, avant cet été c'est inutile, c'est après la tempête qu'on compte les dégâts, jamais pendant. Notre campus existe par un système de parrainage mais au vues des gros problèmes économiques auxquels nous devrons faire face je suis dans l'incertitude avec ça.

Nous avons beaucoup de choses à repenser, c'est absolument nécessaire mais pour ça il faut être prêt à abandonner une partie de nos libertés individuelles, qui est prêt ? Le virus nous propose cette question. Il y a quelques jours, pour donner un exemple concret, Bangkok se vidait de ses habitants, tout le monde est rentré chez soi, dans le nord et le nord-est et vous savez pourquoi ? simplement parce que les gens sont payés à la semaine et n'ont aucune épargne par contre ils ont tous des familles, des terres, des cultures une histoire et des rapport plus simple avec la vie, une grande capacité d'adaptation (le climat le permet). Il y a aussi ici une belle discipline collective, c'est propre à l'Asie en général. Bien évidement nous n'avons quasi aucune aide étatique ici, ce qui réduit les options, les gens s'adaptent, un point c'est tout. Je pense qu'une grande partie de l'humanité se questionne sévèrement ces temps-ci, chacun voudrait du changement mais j'ai bien peur que se soit du changement pour soi et non pas pour l'ensemble. Le changement pour soi pourquoi pas, mais on le fait soi-même avant d'attendre quoi que se soit d'autrui et si possible plutôt vers du moins d'avoir et du plus d'être, pas facile mais absolument nécessaire pour un changement plus global, plus d'ensemble. Mais ou on va ? quelle direction ? De mon point de vue, ce n'est pas important, ces réponses arriveront plus tard. Si chacun de nous orientons nos intentions et nos énergies vers du plus vrai, du plus beau et du plus juste, forcément c'est la que l'humanité prendra la direction soyons patients et détachons nous.

les boules de pétanque sont mises à rude épreuve ces temps-ci

Nous sommes plus que jamais inter-connectés avec du temps en suffisance, utilisons ce temps pour développer nos conscience et ne le gaspillons pas, tout comme l'eau et l’électricité.

Au plaisir de vous entendre, de vous revoir je ne sais ni ou ni quand !

Florian Urfer