Un projet qui donne beaucoup d'espoir pour la suite

Un système de stockage d'eau potable avec filtre installé à l'école thaï de Klong Prao? Quelque 500 élèves vont en profiter dans les années à venir, spécialement durant les longues saisons sèches de Koh Chang où l'eau devient une denrée rare.

Pour quelle raison ce projet est-il particulier pour moi? Simplement parce que le processus qui a permis cette réalisation n'a pas été dépendant des seuls moyens d'une association étrangère, en l'occurrence Sporbuddies dans ce cas précis, mais qu’il a fait aussi l'objet de la générosité d'entreprises thaïlandaises (ou d’une entreprise thaïlandaise?). Dans ce pays il est bien difficile d'obtenir quoi que ce soit du gouvernement, si bien que quand je visite une école comme Klong Prao qui est une école thaïe moderne avec des moyens qui, à première vue, semblent corrects, je suis surpris de voir une file d'attente à midi pour remplir bouteilles et autres gourdes pouvant durer plus de 30 minutes, alors que les températures frôlent les 36 degrés à cette période!

A la question posée au directeur: pourquoi n'y a t-il pas plus d'eau? Réponse sans surprise: il y a deux fois plus d'élèves que prévu dans cette école, on attendra deux ans, c'est budgété dans le projet d'agrandissement de l'école, etc.  Tout aurait pu s'arrêter là, mais ce sont les professeurs qui sont revenus à la charge. Glass avait parlé à certains du projet Sportbuddies qui soutient déjà l'école des Cambodgiens sur Koh Chang et finalement nous avons accepté le challenge pour l'école Thaï de Klong Prao, monter un système d'eau potable qui viendrait s'additionner au système déjà en place. Il est clair que  pour moi c'était une évidence mais j'ai préféré attendre en silence, je ne suis pas en Suisse ici et je ne comprends de loin pas tout. Deux éléments sont nécessaires, un réservoir spécial pour l’eau potable et un filtre. Nous avons pris du temps pour chercher ces accessoires en passant des coups de fil et en allant rencontrer physiquement des entreprises à Bangkok,  l'une d'entre elles nous a proposé d'offrir à l'école une cuve de 2000 litres valeur (18’000 Baths), bingo, là je me suis dit que c'était possible. Nous avons organisé et payé le transport.

Pour l'anecdote il y a quelques années j'avais pour habitude d'aller à la rencontre d'entreprises en Suisse, au nom du Club de volley pour lequel je jouais, demander argent, matériel, bons en nature, etc... J'ai toujours pensé que c'était impossible ici et bien je me suis trompé et cela me donne de l'espoir pour la suite. Il y a des énergies locales qui répondent à l’appel.

Pour le filtre nous n'avons pas eu le même succès que pour la cuve mais nous avons obtenu un bon pourcentage puisque nous avons pris un système de filtration par ultra-violet dernier cri: la filtration par UV peut tuer la majorité des bactéries et des virus présent dans l’eau. Un de nos voisins qui travaille dans l'alimentaire nous a proposé une entreprise de Trat et nous avons choisi ensemble la meilleure combinaison. Vu le budget serré il s'est proposé de participer à l'achat de ce filtre. Sans la générosité de mes visiteurs grônards, je tiens à souligner que nous n’aurions pas pu mener ce projet à bien malgré tout.

 

Je vais laisser Glass, mon épouse, gérer la fin de ce projet puisque c'est les vacances ici pour les deux prochaines semaines et il est temps pour moi de rentrer en Suisse. Je devrais y passer avril, mai et peut-être juin en principe. Inutile de vous cacher que de rentrer quelque temps en Suisse me fera le plus grand bien, une grande fatigue de fond s’est accumulée ici ces 6 derniers mois. Dans la rue piétonne où nous vivons une dizaine de bars de nuit se sont ouverts cette dernière saison et il est bien difficile pour nous de dormir avant 4 heure du matin avec un bruit constant de musique bien peu mélodieuse. Je dis à ma femme que nous avons passé l'examen d'entrée ici à Koh Chang ces 2 dernières années. Il est temps pour nous de réorganiser notre environnement ici, si nous voulons continuer. Nous allons certainement déménager notre magasin cet été, idéalement j'aimerais trouver un terrain abordable où je puisse construire notre shop en bord de route et le petit centre de Sportbuddies derrière dans la jungle. C'est possible mais évidement c'est toujours une question de moyen. Quelques mois de travail en Suisse devraient nous permettre de trouver des solutions pour la saison prochaine.

Bien souvent je reçois des encouragements de mes amis suisses et parfois les gens me disent: "Tu as de la chance, tu vis au paradis sur terre". En effet, Koh Chang est une très belle île et la nature ici domine encore cependant, croyez moi ou pas, ce n'est pas simple tout est si différent de chez nous. La vie est un travail ici, nous n'avons quasiment pas de vie privée et ça, c'est dur à supporter. La communication est complexe aussi, l'énergie dépensée pour échanger, partager et simplement fonctionner ici est décuplée, impossible de s'en rendre compte en y passant 10 jours. Soutenir tel ou tel projet associatif ici comme j'essaye de le faire depuis bientôt trois ans est un exercice très particulier, il n'est envisageable qu'en y engageant la totalité de sa personne. Pour être crédible ici il faut commencer par le silence et ensuite passer le message et là aussi c'est un vrai problème pour être compris. Avec l'aide de Glass je pense y parvenir maintenant. Ces trois dernières années m’ont appris une chose en particulier, seules les petites choses comptent, car c'est l'unique moyen de construire du solide surtout dans des domaines associatifs où le sens des choses à beaucoup plus d’importance que leur taille. Merci au VBC Martigny pour les quelques ballons offerts à mes amis Cambodgiens de l'ile, ça fait des heureux !

Finalement le processus est passionnant puisqu'il rempli ma vie de couleurs, d'échanges et de découvertes. Merci à tous ceux qui me suivent et soutiennent Sportbuddies, j'espère avoir l'occasion de vous rencontrer en Suisse, une petite fête thaïlandaise se profile peut-être du côté de Grône au mois de septembre, mais c'est encore une histoire d'avenir!

Florian Urfer